La cousine du frère de mon ami m’a dit que :
« Valoriser les biodéchets coûte cher et prend trop de temps. »
La mise en place de politiques ambitieuses de la réduction à la valorisation des biodéchets semble pour beaucoup de producteurs de biodéchets une démarche coûteuse et chronophage. En effet, la mise en place du tri, collecte et traitement représente un investissement aujourd’hui, qui permet d’anticiper la législation et l’augmentation des coûts de traitement par incinération dans les années à venir. La Feuille de route sur l’économie circulaire (Frec) prévoit « d’adapter la fiscalité pour rendre la valorisation des déchets moins chère que leur élimination ». On parle de valorisation, car les biodéchets sont également synonymes de ressources pour nourrir les sols et/ou produire de la chaleur, de l’énergie, mais également créer de l’emploi localement.
Dans cette série d’articles pour décrypter les biodéchets, nous avons interrogé deux initiatives qui proposent des solutions concrètes pour répondre aux contraintes de coût financier et humain.
Les solutions qui vont répondre à vos questionnements dans l’article
Paul-Adrien Menez, PDG cofondateur de Zéro gachis, propose aux acteurs de la grande distribution une suite d’outils intelligents pour détecter et traiter à temps les invendus alimentaires. « Basées sur l’intelligence artificielle, nos solutions permettent de sécuriser à la fois la tenue des rayons – garantie 0 périmé avec un GPS des dates courtes – et la seconde vie du produit en proposant un assistant décisionnel pour le choix des filières (vente promotionnelle ou don aux associations), ainsi qu’une solution d’étiquetage rapide pour centraliser les offres date courte au sein d’une zone dédiée et balisée « Zéro-Gâchis » »
Les explications à connaître
Dans la grande distribution le manque d’outils rend difficile l’évaluation des coûts évités par la réduction du gaspillage alimentaire, Paul-Adrien nous en dit plus : « la gestion des biodéchets a toujours été inhérente au métier de distributeur. À sa manière, chaque magasin essaie de gérer au mieux ses invendus. Simplement, le manque d’actions traduit surtout un manque d’outils de suivi et de preuves de résultats économiques et écologiques concrets. Nous sommes en mesure de dialoguer avec les équipes afin de délivrer un ensemble de recommandations personnalisées et de réduire durablement leurs déchets en amont. Tout cela, nous le permettons sans générer pour eux d’investissement lourd : la valeur récupérée est nettement supérieure au coût opérationnel engendré. »
Thomas Colin affirme également qu’il s’agit aussi de coûts évités pour les collectivités « tels que le coût d’élimination des ordures ménagères résiduelles et celui de la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes). Par ailleurs, la mise en place du tri des biodéchets entraîne l’amélioration globale du tri des déchets recyclables de 20% et augmente donc les recettes sur la vente de ces matériaux. C’est aussi une économie du coût de gestion des ordures ménagères résiduelles de 30% en moyenne, sur les coûts post-exploitation des centres d’enfouissement, les capacités de stockage économisées, les déchets sur les routes… »
La collecte séparée des biodéchets contribue au développement d’une économie locale et circulaire. Sa mise en oeuvre s’accompagne de la production d’un fertilisant de qualité utilisable en agriculture biologique et de la création d’emplois locaux non délocalisables. Elle contribue également à la valorisation des emplois autour de la collecte qui deviennent plus qualifiés et favorise l’émergence de nouvelles activités sur les territoires.
« Des collectivités ont déjà prouvé qu’il était possible de réaliser cette bascule tout en maîtrisant les aspects financiers. Aujourd’hui, les compensations ne permettent pas toujours une opération à coût constant (les collectivités ayant le plus récemment déployé le tri des biodéchets ont un surcoût de 9%). Néanmoins, la gestion séparée des biodéchets permet une relocalisation des richesses sur le territoire et une plus grande résilience face à l’augmentation des taxes pour l’élimination et du coût des transports. Bref c’est une stratégie gagnante à l’avenir. »
Les défis des initiatives pour aller plus loin
Afin de conforter les producteurs dans l’importance d’investir dans leurs biodéchets plusieurs défis à résoudre :
- L’utilisation des nouvelles technologies afin d’optimiser est un enjeu majeur pour zéro gachis. « Nous vivons une période excitante puisque après plus de 2 ans de R&D nous avons lancé la première intelligence artificielle pour réduire le gaspillage alimentaire en GMS. En rachetant en début d’année la société Data2B, spécialiste dans l’IA et le Big Data, nous avons consolidé notre pôle Datascience. Aujourd’hui, le résultat est Epsilon : la première intelligence artificielle d’aide à la décision pour résoudre le gaspillage en GMS. Nos premiers retours terrain sont très prometteurs et nous avons hâte de déployer notre solution à l’échelle européenne. »
- La sensibilisation pour Compost + est une priorité. « Il faut convaincre les prochains élus locaux aux enjeux de la filière et les informer des obligations qui leur incombent en matière de tri à la source des biodéchets. La loi imposera bientôt la généralisation de ce tri d’ici fin 2023 et encore beaucoup de collectivités l’ignorent. Pour le faire savoir, nous avons réalisé plusieurs capsules vidéos visant à promouvoir la filière, dont une visant particulièrement la responsabilité des élus.«
Les 3 actions que vous pouvez menez
- Découvrez la campagne #CeSeraitAbsurde de Compost +
- Continuer à suivre notre campagne biodéchets & préjugés et surtout rendez-vous le 29 janvier pour continuer la discussion ensemble !
- Comprendre le lien entre coût et gaspillage alimentaire dans la grande distribution avec CB +
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