Écrit par violette

La cousine du frère de mon ami m’a dit 

“Personne ne s’intéresse au futur des biodéchets”

S’intéresser au biodéchet signifie premièrement considérer la gestion des déchets comme prioritaire. Or, certains petits producteurs semblent penser que les quantités de biodéchets produits ne sont pas suffisamment significatives. Par ailleurs, la mise en place du tri des biodéchets nécessite un changement des habitudes chez les salariés et consommateurs. Des producteurs de déchets se questionnent sur le niveau de motivations des utilisateurs à adopter ces nouvelles pratiques. De même, il existe une crainte sur la nécessité d’un fort investissement en temps et en formation afin de faire évoluer les habitudes. 

Dans cette série d’articles pour décrypter les biodéchets nous avons interrogé deux initiatives qui transforment nos craintes sur le manque d’intérêt et de motivation des individus concernant la gestion des biodéchets grâce à des solutions concrètes.

Les solutions qui vont répondre à vos questionnements dans l’article 

 OuiVALO est une entreprise innovante nantaise qui propose une solution de gestion des biodéchets aux citoyens. “OuiVALO souhaite insuffler une transition positive au monde “ nous dit Camille Marhadour-Savary cofondatrice de l’initiative.

En effet, c’est très bien de trier ses biodéchets, mais devoir les déposer dans un centre de compostage demande une logistique supplémentaire. Et ça, OuiVALO l’a très bien compris. Leur solution permet aux citoyens de valoriser leurs biodéchets facilement sans changer leurs habitudes.Nous proposons des points relais sécurisés autour de chez eux, afin d’y apporter leurs biodéchets, sur leurs trajets du quotidien”, par exemple dans des magasins alimentaires. Les citoyens n’ont qu’à apporter leur seau floqué dans lequel ils ont trié leurs épluchures chez eux et le vider à l’endroit prévu dans leur magasin avant de faire les courses.

Cette initiative connecte une communauté écoresponsable de citoyens et de distributeurs pour activer une valorisation quotidienne des biodéchets, en milieux urbains. Chacun y trouve son compte.

Camille Marhadour-Savary cofondatrice OuiVALO 

Sinba est une entreprise sociale péruvienne qui cherche à donner du sens aux déchets, en étant la première entreprise en Amérique latine à proposer un modèle d’économie circulaire pour les biodéchets. À Lima, 52% des déchets sont des déchets organiques […],seuls 4% de ces déchets sont recyclés”, nous indique Pipo Reiser.

Essentiellement, nous gaspillons des milliers de tonnes de ressources naturelles qui, correctement traitées, pourraient être utilisées pour générer un système de production alimentaire local beaucoup plus sain, résilient et productif.

Sinba propose un système d’économie circulaire, en formant des employés à trier et valoriser les déchets organiques. Ils sont transformés en nourriture pour cochon dans une BioFactory. Par la suite, la matière est redistribuée à des éleveurs urbains.

À date de décembre 2019, Sinba a permis de réduire de 95% les déchets organiques, qui finissent dans les déchèteries, des 38 compagnies avec qui ils travaillent, soit 1600 tonnes de biodéchets ! 

Pipo Reiser co-fondateur Sinba


Les explications à connaître

Ce préjugé dépeint les citoyens comme non intéressés par les biodéchets. Or, comme l’a découvert Camille de OuiVALO, ils le sont, mais la difficulté d’accès aux initiatives réduit leur engagement.

Cette difficulté d’accès repose premièrement sur le manque de solutions accessibles et facilement identifiables par les citoyens. « Les citoyens sont à la recherche d’une multitude de petits gestes à effectuer au quotidien afin de réduire de manière conséquente leur empreinte écologique ! “ nous explique Camille de OuiVALO.

En effet, les citoyens recherchent des solutions non invasives, mais leur permettant d’avoir un impact concret. Si les options de traitements sont clairement exposées les citoyens pourront choisir ce qui correspond le mieux à leurs habitudes et envies.

En plus de l’accessibilité, ce qui favorise grandement l’engagement est la compréhension de l’impact local et concret de la valorisation des biodéchets.  Dans les cas où les initiatives existent, Pipo de Sinba, nous indique : “Il est important de faire appel au bon sens, de raconter l’histoire des biodéchets comme une histoire de reconnexion à la nature et à ses cycles naturels”. Il est nécessaire de communiquer sur l’impact que peut avoir un cycle vertueux sur la reconstitution des écosystèmes et de nos communautés.
L’utilisation de chiffre clé peut permettre de convaincre. Par exemple, en France, les biodéchets représentent ⅓ de nos poubelles, ce qui permettrait de fertiliser 150 000 hectares de terres agricoles.

Afin, de créer des synergies et faciliter l’engagement de tous Camille met en avant l’importance de créer davantage de connexions entre ces initiatives proposées aux citoyens. Ce qui pourrait permettre de donner davantage de visibilité auprès du public.  Par ailleurs, la dynamique engendrée par des initiatives liées aux biodéchets est souvent créateur de lien social. Par exemple, la mise en place de composteurs collectifs favorise des espaces d’échanges et de rencontres. 

  Les défis des initiatives pour aller plus loin

  • Le défi de OuiVALO qui est également sa mission est d’être capable d’offrir leur solution et d’en faciliter l’accès grâce à des points relais à tous ceux qui ont envie d’agir, avec pour objectif 1 000 personnes en 2020 !

L’entreprise Sinba, quant à elle, se donne trois défis à surmonter :

  • Le premier est le développement d’une technologie réplicable et évolutive permettant de convertir les biodéchets en nourriture animale. 
  • Le deuxième est d’améliorer les pratiques agricoles des fermes urbaines pour que la viande de cochons produite réponde aux conditions sanitaires pour consommation humaine.
  • Le troisième est de prendre en compte le contexte social complexe présent à Lima lors de la coopération avec les éleveurs de cochons urbains.

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