Écrit par Future of Waste
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Afin d’identifier les préoccupations des acteurs du secteur des biodéchets, Future of Waste a procédé pendant plusieurs mois à une phase exploratoire durant laquelle nous avons menés des entretiens, animés des ateliers citoyens et découvert la littérature sur le sujet… De ces riches échanges, nous avons tiré plusieurs challenges et pistes de réflexions que nous vous avons synthétisés ci-dessous, et qui ont permis de définir le champ d’action de notre campagne 2019, centrée sur les biodéchets alimentaires..  

#1 Le contexte du secteur des biodéchets

  • de la production alimentaire mondiale est jetée, et ce chiffre alarmant risque d’augmenter d’après plusieurs prévisions.
  • 2 600 000 personnes en France vivent de l’aide alimentaire distribuée par les grandes associations humanitaires, selon la Fédération française des banques alimentaires
  • des poubelles des ménages européens sont composées de déchets organiques
  • 40% des sols français seraient déficitaires en matière organique

Vous vous demandez peut-être, que sont les déchets organiques ?  

Déchets fermentescibles, bio-déchets, DCT ou déchets de cuisine et de table… de nombreux termes sont utilisés et complexifient la compréhension de la filière. Ces appellations ne sont pas stables, et recoupent des périmètres variables, plus ou moins exhaustifs, qui varient selon les acteurs ou pays. En France, seul le terme “biodéchet” comporte une définition spécifiée par le Code de l’environnement

Les déchets organiques, ou déchets fermentescibles, sont des déchets d’origine vivante – végétale, animale, humaine – et donc biodégradables

Au sein des déchets organiques, les biodéchets sont constitués des déchets alimentaires et des autres déchets naturels biodégradables. Ils sont définis comme « Tout déchet non dangereux biodégradable de jardin ou de parc, tout déchet non dangereux alimentaire ou de cuisine issu notamment des ménages, des restaurants, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que tout déchet comparable provenant des établissements de production ou de transformation de denrées alimentaires »  (Code de l’environnement, Article R.541-8, et Article 543-227)

Enfin, parmi les biodéchets, les déchets alimentaires sont directement liés à l’utilisation, transformation et production de nourriture pour l’homme.

Pour cette campagne 2019, nous avons fait le choix de nous focaliser en priorité sur ces derniers, car leur collecte et valorisation restent encore balbutiante en comparaison d’autres flux, tels que les déchets verts. De manière similaire, nous aborderons peu les enjeux du secteur agricole et de l’agro-alimentaire, car ces derniers, dans un soucis économique, ont largement prévu des boucles de valorisation des ‘substances’ ou ‘résidus’, issus de leurs processus de production (via le réemploi, la nourriture animale, la méthanisation…). En ce sens, ces substances sont d’ailleurs qualifiées de coproduits et de sous-produits, et non pas de déchets.

Pourquoi s’impliquer sur les déchets organiques ?  

La prévention et valorisation des déchets organiques a de multiples vertus, y compris économiques => 

143 milliards d’euros chaque année, l’équivalent des pertes liées au gaspillage alimentaire en Europe, selon une étude du parlement européen.

88 millions d’euros, soit les ventes de biogaz atteintes en France en 2015, selon une étude de l’Ademe.

2,5 milliards d’euros d’économies potentielles en évitant le recours aux fertilisants de synthèse sur 5% des terres agricoles françaises, d’après des estimations de la Fnade.

et environnementaux, à travers la préservation =>

  • des ressources naturelles dédiées à l’alimentation, en réduisant le gaspillage alimentaire et améliorant la productivité des sols,
  • de la biodiversité, via des fertilisants naturels moins agressifs que les fertilisants chimiques,
  • du climat, grâce à la génération d’énergies vertes et la baisse des émissions de gaz à effet de serre qui interviennent sur tout le cycle de vie d’un produit alimentaire.

Au carrefour d’enjeux diverses, les biodéchets sont régulés par les politiques environnementales, agricoles, énergétiques et sanitaires. Dans l’optique de réduire leur impact environnemental et social, la réglementation évolue rapidement. En Europe, le Paquet économie circulaire adopté par les institutions européennes accélère une gestion encore balbutiante vers la constitution d’une filière de valorisation. 

Hiérarchie des modes de gestion des biodéchets – Source: ADEME ConcerTo 2019

En France, la majorité des biodéchets reste encore incinérée ou envoyée en décharge, alors que de nombreux modes de valorisation existent

La valorisation des biodéchets est conditionnée à leur tri et collecte séparée. La généralisation du tri à la source est prévue d’ici 2023 sur l’Hexagone, pour tous les producteurs de biodéchets, entreprises comme particuliers. Actuellement, les biodéchets ménagers finissent majoritairement dans les ordures ménagères résiduelles, le nombre de collectivité disposant de collecte séparée étant encore limité. Concernant les acteurs privés, ceux produisant plus de 10 tonnes par an de biodéchets ont l’obligation de tri à la source depuis 2016 (Arrêté 12 juillet 2011). Pourtant, de nombreux professionnels n’ont pas conscience de leurs obligations. Concernés en fonction d’un tonnage annuel, ces acteurs pèsent rarement leurs déchets. Les avis divergent sur les moyens à mettre en place pour faire appliquer les lois, en particulier via la sensibilisation, l’application de pénalités financières, ou encore la clarification de certains flous réglementaires.

Le GNR (Groupement National de la Restauration) en partenariat avec l’ADEME, ont établis en 2011 des ratios des ratios de production des biodéchets afin d’aider les acteurs à mieux appréhender leur production de biodéchets.

Partant d’un constat simple – les biodéchets sont nombreux, et les solutions techniques relatives au traitement existent, comment expliquer et résoudre le manque de développement de la filière ?

Nous avons identifié 3 challenges essentiels pour le secteur, et sur lesquels Future of Waste pourrait contribuer. La complexité et la limite de cet exercice résident néanmoins dans la diversité des acteurs concernés, en particulier ménages/acteurs économiques, collectivités rurales/urbaines… qui n’ont pas les mêmes contraintes (réglementations, flux,…).

Pour autant, la filière biodéchets est inexorablement intégrée sur un territoire, et en cela requiert de la coordination entre les acteurs et leurs flux, et entre les maillons de la chaîne de gestion – tri/collecte/traitement/valorisation. Le premier challenge que nous avons identifié pour catalyser les efforts de Future of Waste est relatif à l’intégration et l’interconnexion des acteurs et flux au sein de la filière, qui nécessite ainsi de trouver la bonne échelle de gestion.

Face à l’éclatement de la filière bio-déchet, l’un des risques majeurs serait la dispersion des coûts et de la valeur, qui fragiliserait la rentabilité économique des acteurs. Afin de soutenir le développement pérenne de la filière, le deuxième challenge que nous abordons ci-dessous porte sur les modèles économiques de la gestion des bio-déchets.

La filière des biodéchets étant relativement jeune en France, elle fait naturellement face à un manque d’acculturation, nourrit par la méconnaissance et la perception de saleté attachée à ces déchets humides. Future of Waste souhaite également contribuer à ce challenge, dans une démarche de sensibilisation, de clarification du sujet, et de dialogue entre les acteurs, qui sont au coeur de ses missions.

#2 Les challenges du secteur des biodechets

Parmi les challenge du secteur, trois nous semblaient essentiels pour catalyser l’énergie de Future of Waste :

1. Trouver l’échelle adaptée

Le fractionnement du secteur des biodéchets est apparu comme un trait majeur lors de nos entretiens. Les producteurs de biodéchets sont multiples, avec des gisements variés en termes de quantité, flux et localisation. A titre d’exemple, les gros producteurs agroalimentaires ont davantage intégré cette gestion dans leur chaîne de valeur en comparaison aux restaurateurs ou supérettes, dont le gisement est diffus et encore complexe à estimer.

Données ADEME 2013

En parallèle à cette segmentation des marchés, l’évolution des réglementations a favorisé le développement de nombreuses solutions (compostage en bac, lombricomposteur, méthanisation in situ, compostage en silo, entomoculture, éco-digesteur, bio-tank, champignonnières, etc.) en particulier de la part d’entrepreneurs sociaux et environnementaux (voir notre base de données). Nous avons constaté que ces solutions sont souvent très localisées, dédiées à un flux, voir à un cycle de traitement spécifique, soulevant des enjeux de structuration de la filière et de reproductivité des solutions.

Focus : Le LowTechLab partage des connaissances, outils et méthodologies d’innovation frugale qui peuvent être répliqués partout dans le monde. En 20 minutes, vous pouvez par exemple créer votre lombricomposteur personnel!

Maillons d’une filière de valorisation des biodéchets – Source: ADEME ConcerTo 2019

Face à cette atomisation du secteur, il n’existe pas de solution unique, chaque solution devant répondre aux contraintes du territoire et des producteurs de biodéchets: Quels volume, distance, et fréquence des gisements ? Quels types de flux et de qualité ? Quelles évolutions dans le temps ? quelles infrastructures sont déjà existantes ? … Trouver et choisir une solution adaptée reste complexe pour les producteurs de biodéchets, ce qui requiert davantage de visibilité et d’adaptabilité des solutions disponibles.

Contrairement aux déchets recyclables pour lesquels les particuliers et professionnels identifient clairement les filières de valorisation, les solutions sont ici multiples et encore peu généralisées. A titre d’exemple, en France seul 5,8% de la population a accès à la collecte séparée des biodéchets.

Ce chiffre illustre en lui-même le caractère dormant des biodéchets. La faible quantité collectée, chez les ménages, mais également auprès du secteur privé, perturbe la gestion d’un gisement déjà extrêmement diffus qui nécessite des efforts de massification et de quadrillage. Le manque de régularité et de visibilité des gisements influe naturellement sur les investissements publics.

A l’échelle du territoire, la gestion des biodéchets requiert une gouvernance intégrée, afin d’éviter des conflits d’approvisionnement ou d’usage, et de rationaliser les modes de gestion. Dans une dynamique de cohérence territoriale, des synergies sont encouragées, entre les gisements d’origines ménagères et industrielles, et entre les secteurs. En France par exemple, les biodéchets sont concernés par plusieurs outils de planification territoriale : le PLPDMA, le PCAET, PRPGD, le SRCAE, le SRB, le PAT…

Si la complémentarité des solutions de prévention (sensibilisation, don, vente d’invendu…), de proximité (paillage, compostage de quartier, compostage autonome…) et industrielles (usine de compostage, TMB – traitement mécano-biologique…) est évidente, la coordination effective reste encore à approfondir afin d’encourager le passage à l’action des producteurs de biodéchets et de pérenniser la filière.

2. Repenser les modèles économiques

Lors des entretiens, le premier frein évoqué à la généralisation de la prévention et valorisation des biodéchets a été d’ordre économique. Deux facteurs principaux soutiennent cet argument: le manque de capitaux destinés aux investissements et la réticence à augmenter les dépenses de gestion des déchets.

Le secteur de l’anti-gaspi a justement trouvé son essor dans certaines réglementations qui ont “touché aux portefeuilles”, en particulier la loi « relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire », en vigueur depuis 2016. D’après plusieurs acteurs, davantage que le punitif (amende de 3750 euros par infraction), c’est l’incitatif qui a permis d’accélérer les changements de comportements, en particulier via la défiscalisation des dons (article 238 du code général des impôts). Concernant le tri à la source des biodéchets, le Code de l’environnement prévoit des sanctions pénales en cas de non-respect de la réglementation (jusqu’à 75 000 € d’amende et deux ans d’emprisonnement (article L. 541-46, point 8), et des réflexions sont en cours sur l’incitatif (aides étatiques, baisse de la TVA…).

Focus : Le Fond déchet de l’ADEME alimenté à hauteur de 163 M€ pour 2018, vise à aider les acteurs de terrain qui mènent des opérations de prévention et valorisation, à savoir les collectivités territoriales, les entreprises ainsi que les organismes relais qui les accompagnent.

Malgré les obligations légales de tri à la source des biodéchets, acteurs publics comme privés freinent l’ajout d’une ligne de tri supplémentaire (et les coûts induits) :

  • Les collectivités françaises, ont pour obligation le tri à la source d’ici à 2023 (Paquet économie circulaire des institutions européennes). D’après le Référentiel National des coûts du service public de gestion des déchets, les biodéchets  représentent 10% des coûts de gestion des déchets ménagers et assimilés. De fortes disparités existent néanmoins, variant entre 3 et 38%.
  • Les acteurs privés ont pour obligation depuis 2016 de trier et valoriser leurs biodéchets à partir de 10 tonnes par an (Directive 2008/98/CE). Les coûts évoluent selon les modes de collectes et de traitement que l’ADEME a détaillé dans son guide pratique.

Plusieurs acteurs ont relevé que cette appréhension du coût économique était souvent chimérique. Certains acteurs surestiment des prix qu’ils imaginent inabordables, alors que d’autres ont l’illusion d’un service gratuit, rémunérateur, grâce à la création de nouvelles ressources (engrais, énergie…). Ainsi, repenser les coûts économiques des biodéchets se traduit à la fois par la clarification et déconstruction de fausses idées, mais également par la réinvention des services, pour assurer un coût “acceptable”.

Au-delà des coûts, ces réflexions portent essentiellement sur la viabilité des modèles économiques, la filière faisant encore face à la concurrence d’autres modes de gestion moins coûteux, tels que l’enfouissement ou l’incinération. La filière se structure progressivement, avec plusieurs mesures et innovations qui visent à transformer les modèles économiques en place :

Le premier axe d’amélioration consiste à influencer la balance financière des services de gestion des biodéchets. Afin d’augmenter et sécuriser les recettes, plusieurs pistes de débouchés se développent, en particulier la production d’énergies, avec le biogaz (dont le prix s’institutionnalise) et la co-génération. Depuis le 1er juillet 2017, en plus de la vente destinée aux animaux domestiques, les insectes nourris aux biodéchets peuvent servir à l’aquaculture, et des débats sont en cours pour les animaux fermiers. Le compost, commercialisé (sous réserve d’obtenir la norme NFU 44051), est vendus auprès des particuliers, agriculteurs… en vrac (~20 €/t) ou en sac (~160 €/t). Des plateformes émergent, afin de connecter producteurs et consommateurs des dérivés de biodéchets.

Les frais de fonctionnement de la gestion des biodéchets sont souvent alourdis par la sous-capacité de sites de traitement en manque de matière. L’évolution du flux entrants en quantité et qualité, via la généralisation du tri à la source, permettrait d’augmenter leur rentabilité. En parallèle, réimaginer les modes de logistique reste stratégique, compte tenu des frais de collecte et du caractère diffus des gisements. La mobilité douce et la digitalisation de la logistique urbaine offrant de nouvelles alternatives.  

Un deuxième axe d’évolution du modèle économique consiste à élargir le périmètre du service. Comme un vase communicant, la prévention et le tri des biodéchets entraînent systématiquement une baisse des ordures ménagères résiduelles pour les ménages (baisse de 45% de moyenne d’après l’ADEME), et des déchets industriels banals pour les acteurs privés. En plus de cette péréquation, ils entraîneraient également un effet levier du tri du reste des déchets recyclables. La réduction du volume des déchets résiduels permet ainsi de réduire la fréquence de leur collecte, et in fine son coût. Dans cette optique, de nouvelles équations pourraient être imaginées. La tarification incitative par exemple, instaure un système de facturation qui reflète ces évolutions, le prix étant proportionnel au service consommé.

Enfin, nos échanges ont permis d’établir un troisième axe de travail, qui se penche sur la prise en considération des effets indirects de la gestion des biodéchets. Pour beaucoup d’acteurs, le coût de la gestion des déchets est cantonné au prix inscrit dans le registre des comptes, celui facturé par des prestataires. En réalité, on peut également y intégrer le coût de la gestion interne telle que la manutention ou le stockage.

Les start-ups de l’anti-gaspi, telles que Phénix et Too Good to Go s’attaquent à des “coûts cachés” de la production de biodéchets, à savoir l’achat de matières premières et des consommables, qui sont habituellement imputés au produit, et non aux déchets. Au-delà de contribuer à la réduction du gaspillage alimentaire, magasins et restaurateurs réalisent des bénéfices liés à la vente à prix réduit de produits autrement jetés.

La prise en charge des biodéchets, apportent aussi des bénéfices d’image et de capital confiance auprès des consommateurs. A titre d’exemple, dans des cantines, prévenir la création de biodéchets peut consister à adapter les plats aux goûts des convives. Adopter une démarche environnementale peut également être un axe de différenciation en termes d’image auprès de (potentiels) clients. L’émergence progressive de labels ou de campagne de communication pourraient faciliter la visibilité de ces démarches.

FocusBIOCOOP a construit son identité comme entreprise responsable et engagée. En parallèle à son offre de produits, l’enseigne vise l’exemplarité interne, y compris dans sa gestion des biodéchets. Elle encourage le don aux salariés, associations, ou les ventes en promotion via des application telle que Too Good to Go. Plusieurs magasins ont mis en place la collecte de biodéchets, en particulier pour le compostage.

3. Améliorer la compréhension et l’acceptabilité des biodéchets

Les changements récents de législation ont mis en évidence la disparité des connaissances et d’acculturation de nombreux acteurs au sujet de leurs biodéchets. Bien que stimulant des évolutions de fond, les lois à l’échelle européenne et nationale évoluent plus vite que les mentalités et pratiques. La gestion des biodéchets reste un sujet de niche qui demande encore à se démocratiser.

L’acceptabilité des biodéchets est un sujet qui tend à diviser. L’image des biodéchets et de leur gestion garde des appréhensions d’impureté, de saleté, lié au caractère fermentescible de ces déchets. Les risques de mauvaises odeurs, de nuisibles (moucherons, rats…), entraînent des réticences de multiples acteurs, y compris de gardiens et citoyens. 

Focus: Réseau Compost Plus Afin de rassurer et de convaincre les collectivités sur l’intérêt de la valorisation matière des biodéchets, le Réseau Compost Plus organise des échanges entre pairs auprès des élus, via des visites de sites et des rencontres avec d’autres collectivités qui ont adoptés ces pratiques.

Dans les métiers de bouches, la primauté des règles sanitaires, le manque de place et de temps créés des freins mentaux à la gestion de leurs biodéchets, alors que les solutions adaptées existent. Dans les cuisines, les règles sanitaires imposent le principe de précaution. En effet sans traitement approprié, les risques dépassent les simples nuisances olfactives ou de nuisibles, du fait des bactéries transportées par les déchets fermentescibles. Afin d’éviter des crises sanitaires comme celles de la vache folle, les solutions de gestion de biodéchets doivent naturellement assurer la stricte traçabilité des flux et le respect des réglementations concernant les sous-produits animaux.

Les habitudes, culturelles (“habitus”) ou répétitives, jouent également un rôle fort, parfois accélérateur, parfois freins aux démarches de réduction et valorisation des biodéchets. Dans la restauration par exemple, les quantités de nourriture servies dans les assiettes sont gages de générosité et de satiété des convives, mais aussi génératrice de restes alimentaires. La mise en place du tri entraîne aussi une adaptation des modes opératoires et habitudes de travail du personnel et des usagers.

Ainsi, afin d’éviter des réluctances ou rejets des nouvelles pratiques de réduction et valorisation des biodéchets, plusieurs axes de travail émergent.

 

La manière d’aborder les usagers est naturellement centrale, d’autant plus dans une société de l’information, saturée par les sollicitations et la sensibilisation. Selon les types d’acteurs, le message objectivé peut s’adapter facilement : objectifs nationaux de réduction des Ordure ménagère Résiduelle, obligation réglementaire, maîtrise des budgets déchets, contribution aux Objectif du Développement Durable, productivité des sols via le compost, attirer de nouvelles clientèles, préservation de l’environnement, apports sociaux du don, dynamiser le développement économique local, obligation éthique face au gaspillage…

 

La gestion des biodéchets offre la particularité de matérialiser son impact facilement. A la différence d’autres flux, la majorité des biodéchets se transporte mal, au risque de perdre de la valeur, et se valorisent ainsi dans des circuits courts. Les bénéfices du compost ou du biogaz sont visibles, et permettraient de redonner davantage de sens (et de confiance) au geste de tri. De manière similaire le lien entre biodéchets et retour à la terre, à l’alimentation, est encore peu visible.

Si le discours est important, les personnes qui le relais le sont tout autant. Comprendre les problématiques des porteurs de projets, répondre à leurs questionnements et préoccupations, demande des interlocuteurs adaptés et souvent de proximité.

Focus : La Mairie de Paris a mis en place le tri à la source des biodéchets dans le 2e et 12e arrondissement. Afin d’accompagner ce nouveaux geste de tri des citoyens, de nombreux référents biodéchets ont sensibilisé, informé et distribué des “ptit bac” via des rencontres en porte à porte.

De manière similaire, les lieux de sensibilisation se diversifient :

Enfin, la prévention et la gestion des biodéchets supposent une implication active des producteurs de déchets. Les actions de proximité gagnent à développer du lien social, afin de pérenniser dans le temps les pratiques et la motivation. Les actions compostage peuvent se transformer en activité de socialisation, les groupes anti-gaspi en communauté, et les visites de site en lieu de rencontres.

Focus: OrgaNeo propose des formations et accompagne les collectivités dans leurs projets de compostage de proximité et de lutte contre le gaspillage alimentaire. Ils encouragent une diversité de modes d’engagement, à travers les composteurs collectifs, ou encore la gamification avec le jeu mobile compost challenge.

#3 Demain, la campagne Organic Waste 2019 c’est ?

En 2019, Future of Waste lance la nouvelle campagne “Organic Waste” pour travailler sur les biodéchets et les enjeux exposés. Il s’agit d’une campagne multi-acteurs à l’échelle européenne afin de partager, rassembler et développer des solutions locales.

Nous souhaitons travailler avec des citoyens, des experts du secteur, des entrepreneurs circulaires, et des producteurs de déchets afin d’identifier collectivement les solutions pour réduire, collecter, composter et valoriser les déchets organiques.

Notre campagne aura 3 objectifs principaux :

1. Développer des collaborations multi-acteurs et des projets d’entrepreneurs  

Dans une démarche de structuration de la filière et d’émergence de nouvelles solutions, nous adoptons une double dynamique :

    • Le développement de collaboration multi-acteurs: via des ateliers et autres démarches de rencontres, nous souhaitons initier des échanges et co-construire des projets qui répondent aux enjeux locaux de gestion des déchets organiques.  
    • Le passage à l’échelle d’entrepreneurs grâce à un bootcamp de 2 jours avec des formations et des partages d’expériences d’experts, de mentors et d’entrepreneurs.

2. Partager les solutions existantes et efficaces  

Afin d’encourager le passage à l’acte des producteurs des biodéchets, nous souhaitons clarifier et donner de la visibilité aux solutions existantes, avec des focus particuliers sur les modèles économiques. Pour cela, nous nous appuierons sur 3 outils :

  • Une Base de données qui recense des entreprises et initiatives circulaires sur les déchets organiques.
  • Des études de cas afin de partager des expérimentations concrètes et des bonnes pratiques.
  • Des articles durant l’année sur les différents enjeux et solutions pour partager nos apprentissages.

3.    Rassembler différents acteurs et perspectives autour de projets concrets

Afin de sensibiliser et partager l’impact concret des initiatives auprès des citoyens nous organiserons des rencontres autour d’une table ou d’un verre, et proposerons des tours de quartiers.  L’objectif est de rassembler pendant 2-3h, une dizaine de citoyens et professionnels, curieux de rencontrer des initiatives locales, de connaître les moyens d’agir et leur impact.

Vous souhaitez vous engager avec nous sur cette campagne ?

Organic Waste is a Future of waste campaign launched by makesense and SUEZ, aiming to find, support and promote circular solution.

Maelis Monnier

Violette Siméon

Nous tenons à remercier les experts et professionnels du secteur qui nous ont accordé du temps pour ces entretiens, afin de nous partager leurs points de vue et nous accompagner dans la compréhension des enjeux et le design de cette nouvelle campagne :   

Entrepreneurs sociaux et environnementaux

  • Paul Adrien, Menez co-fondateur Zéro Gachis
  • Camille Colbus, directrice des opérations Too Good to Go
  • Clara Duchalet, fondatrice Vepluche
  • Alan Le Jeloux, CEO  Organeo
  • Margaux Moi, Chargée de projet compostage Upcycle  
  • Jean Moreau, Co- fondateur Phenix,
  • Jerôme Perrin, president Love your Waste

 

SUEZ

  • Pierre Achard, Market Director
  • Jean-Baptiste Décultot, Directeur du Développement, et Yann Priou, responsable innovation smart et digital, at Suez Organique
  • Sandrine Villedieu, responsable marketing biodéchet
  • Et les membres de notre Impact Board: Pascale Alexandre, Sophie Florin, Laurent Gerbet, Nathalie Héry, Joannie Leclerc, Nathalie Parineau, Catherine Pradels,

 

Institutions, entreprises  et réseaux